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ROSE[S] - Sept peintres de 1960 à nos jours

 

Du  5 au  8 février 2020

Jacques Grinberg, Fernand Teyssier, Maryan, Mao To Laï,

Ilya Grinberg, Tereza Lochmann, Quentin Derouet

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La couleur comme "construction culturelle".

Exposition accompagnée de la publication d’un catalogue comprenant de nombreuses reproductions et incluant un entretien avec Michel Pastoureau.

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Lire l'entretien avec Michel Pastoureau : ici

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Lire le texte de présentation : ici

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Les spécialistes de la couleur en art dressent tous un même constat. « La couleur n’est pas uniquement un phénomène oculaire »[1], nous dit (l’historien de l’art) John Gage, en développant une approche similaire à celle de (l’historien) Michel Pastoureau pour qui « les problèmes de la couleur sont d'abord des problèmes de société ». Et (l’historien de l’art) Georges Roque d’ajouter : « la perception des couleurs est bien une activité culturelle, collective et historique »[2]. Enfin, plus récemment, Hervé Fischer[3], artiste et sociologue, a apporté sa contribution en abordant la couleur comme une « production idéologique ».

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Concernant le rose, les habitudes et les codes culturels des sociétés occidentales ont établi un lien prééminent entre cette couleur et les idées de douceur, de féminité, d’enfance, puis de mièvrerie et de kitsch ; stéréotypes reportés sur les objets associés : lingerie, layette, poupée, friandises, etc.

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Si les artistes sont porteurs, de même que le commun des mortels, de ces constructions culturelles, ils n’en sont pas pour autant prisonniers.

« Quand je mets un vert, ça ne veut pas dire de l’herbe, quand je mets un bleu, ça ne veut pas dire du ciel », disait déjà Matisse[4].

Pour Massimo Carboni, professeur d’esthétique, « la couleur ne reste jamais identique. Nous ne nous trouvons jamais devant le rouge mais devant la variation ininterrompue des rouges en fonction de leurs "époques", de leurs qualitas »[5].

De même, la couleur rose – qu’elle soit matériau, sensation ou abstraction – englobe une myriade de nuances et de connotations. La linguiste Annie Mollard-Desfour s’est employée à les recenser et à les définir dans un étonnant dictionnaire du rose[6].

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Cette exposition s’intitule donc Rose[s], avec un « s » graphiquement appuyé. Il s’agit de provoquer la curiosité tout en affirmant d’emblée la dimension plurielle et subjective de l’emploi de la couleur par les peintres, au service de leur pouvoir d’expression.

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La palette de Maryan est le point de départ de la réflexion. Comment ne pas être frappé par son usage quasi systématique de la couleur rose à compter de 1965 ?

Au cours des années 1960, la place du rose est tout aussi remarquable dans la peinture de Jacques Grinberg et de Fernand Teyssier, ainsi que dans celle d’une diversité d’autres peintres en France et aux États-Unis : Eduardo Arroyo, Leonardo Cremonini, Henri Cueco, Willem de Kooning, Philip Guston, Maria Lassnig, Jacques Monory, Peter Saul, etc

 

Une exposition sur l’idée de rose en art reste risquée au regard des connotations fortement négatives liées à cette couleur, en commençant par celle de mauvais goût. Les quelques projets déjà montés sur ce thème[7] sur la base de travaux universitaires l’ont été par des commissaires d’exposition eux-mêmes artistes, et à ce titre probablement plus à même d’assumer, voire de revendiquer leur intérêt pour les usages de cette couleur en art.

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La couleur demeure, quels que soient les angles d’approche, un sujet d’exposition jugé le plus souvent « facile » et peu sérieux. Toutefois, le développement considérable au cours des cinquante dernières années de l’histoire des couleurs en art et de l’étude du « phénomène couleur » en général fournit désormais un socle solide.

Il n’est pas question ici d’exploiter toutes ces ressources scientifiques, comme le ferait un musée, pour proposer une grille d’analyse des emplois du rose par chacun des artistes et d’en étudier les diverses significations.

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L’ambition est d’offrir une porte d’entrée originale vers des œuvres encore méconnues et d’insister sur le rôle dévolu à la couleur, y compris chez des artistes qui privilégient la forme et le dessin. Les travaux de Maryan et de Jacques Grinberg, par exemple, sont perçus comme très « graphiques ». La couleur constitue pourtant dans nombre de leurs œuvres une force aussi puissante que la ligne.

 

[1] John Gage, La couleur dans l’art, Thames & Hudson, Paris, 2009.

[2] Georges Roque, Art et science de la couleur. Chevreul et les peintres, de Delacroix à l'abstraction, Gallimard, Paris, 2009.

[3] Hervé Fischer, Les couleurs de l’Occident, De la préhistoire au XXe siècle, Gallimard, Paris, 2019.

[4] Henri Matisse, Écrits et propos sur l’art, Hermann, Paris, 1972.

[5] Ivan Bargna (et al.), La couleur dans l’art, Citadelles et Mazenod, Paris, 2006.

[6] Annie Mollard-Desfour, Le Rose, Le dictionnaire des mots et expressions de couleur du XXe siècle, CNRS Éditions, Paris, 2002.

[7] The Exposed Color : Pink, Museumsberg, Flensburg, 2006 et Chinnretsukan Gallery of Tokyo, National University of Fine Arts and Music, Tokyo/Japan, commissaire Barbara Nemitz ; 50 nuances de rose, 2011, au 59 Rivoli, Paris, commissaire Kevin Bideaux.

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